INITIATIVE FRANÇAISE POUR LES RÉCIFS CORALLIENS

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COMITÉ DES ÎLES ÉPARSES

Les îles Éparses forment depuis la loi du 21 février 2007 le 5ème district des TAAF (Terres australes et antarctiques françaises). Elles sont administrées par la collectivité d’outre-mer des TAAF depuis Saint-Pierre, à l’île de la Réunion, et placées sous l’autorité d’un Préfet, administrateur supérieur des TAAF. L’appellation d’îles Éparses recouvre un ensemble de cinq îles, Bassas da India, Europa, Juan de Nova, Glorieuses dans le canal du Mozambique et Tromelin, située au nord de La Réunion :

L’île d’Europa, (30 km²), située dans le canal du Mozambique, est la plus importante. Elle a une forme grossièrement circulaire, 7 km dans le sens nord-sud, 6 km dans le sens est-ouest. Un lagon couvre le cinquième de l’île dans la partie nord-ouest (environ 900 ha dont quelques 700 ha couverts de mangrove – ZEE : 127 300 km²)

L’île Tromelin (1 km²) est une petite île corallienne plate, entourée de fonds de 4 000 mètres. Elle se situe à environ 600 km dans le nord-est de Tamatave (Madagascar) et 560 km dans le nord de La Réunion. Ses dimensions sont d’environ 1 600 m de long par 700 m de large. (ZEE : 285 300 km²).

L’archipel des Glorieuses (7 km²) est composé de deux îles coralliennes : la Grande Glorieuse (3 km de diamètre) où se trouvent les installations humaines, et l’Ile du Lys (environs 600 mètres dans sa plus grande longueur) entièrement déserte – (ZEE : 48 350 km²)

L’île Juan de Nova est située dans le Canal du Mozambique à environ 150 km des côtes ouest de Madagascar. Sa superficie est de 5 km². C’est une île en croissant qui mesure 6 km d’une pointe à l’autre, pour une largeur de 1 600 mètres. (ZEE : 61 050 km²).

Bassas da India est un atoll madréporique en formation d’une superficie terrestre de moins de 1 km². Celui-ci est constitué d’un cercle presque parfait et totalement dénudé. La couronne de madrépores isole de la grande mer un lagon intérieur peu profond. A marée basse, son diamètre mesure quelques kilomètres et sa superficie (lagon inclus) couvre près de 87 km2. Mais à marée haute, l’île est presque entièrement recouverte par la mer d’une épaisseur peu importante. (ZEE : 123 700 km²).

CARTOGRAPHIE

Carte des habitats des Îles Éparses - EDS 2020

ECOSYSTÈMES ET BIODIVERSITÉ

ÉCOSYSTÈMES

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Les îles sont toutes entourées de récifs coralliens, couvrant au total une superficie d’environ 735 km2. Elles ont toutes leurs spécificités en termes d’écosystèmes :

• Le complexe récifal des Glorieuses, qui s’étend sur 17 km de long et 165 km², peut être considéré comme « relief vivant », puisque son devenir est lié à celui des organismes constructeurs (madréporaires ou coraux) et producteurs (végétaux chlorophylliens) qui s’y développent et génèrent l’écosystème (Troadec, 1996). Quatre entités géomorphologiques récifales y ont été distinguées : 1) la pente externe, de faible déclivité qui s’étend entre 1 et plus de 20 mètres de profondeur entre la Grande Glorieuse et l’île du Lys et est fortement colonisée par des coraux bioconstructeurs alternant avec des communautés algales dominées par le genre Halimeda ; 2) le platier récifal qui entoure l’île de Grande Glorieuse et la relie à l’île du Lys. ; 3) la pente interne qui représente l’entité géomorphologique la plus grande en termes de surface et est formée de sédiments sableux de très faible granulométrie. Elle peut être colonisée par des herbiers profonds qui occupent une large superficie dans la partie nord du banc ou par des pâtés coralliens épars qui constituent des points de concentration pour de nombreuses espèces, notamment ichtyologiques 4) le banc récifal externe qui ne dépasse pas une vingtaine de mètres de profondeur est à dominance sédimentaire et parsemée de pâtés coralliens pluri-métriques (Quod et al., 2007b ; Andréfouët et al., 2008).


• A la superficie récifale des Glorieuses vient s’ajouter celle du banc du Geyser, situé à 120 km au sud-ouest de Grande Glorieuses dans la même ZEE. Ce banc est totalement immergé et couvre une superficie récifale de près de 240 km2.

• Europa est un grand atoll d’origine volcanique caractérisé par une structure karstique importante. Cette caye est entourée d’un récif frangeant presque continu, interrompu par des plages de sable. Sa superficie récifale est de 47 km², toutes entités géomorphologiques confondues. Le platier récifal est une plate-forme d’abrasion façonnée dans un récif fossile (Battistini, 1966). Celle-ci, large de 200 à 600 mètres, émerge à marée basse. Les rainures qui la parcourent entaillent le substrat corallien de l’île et se poursuivent jusqu’aux fonds externes (Delépine et al, 1976). Au nord de l’île, la partie interne de la plate-forme s’est agrandie vers l’extérieur, par adjonction d’un véritable récif frangeant, large de quelques dizaines de mètres (Battistini, 1966)..

• Bassas da India est un atoll quasi circulaire d’environ 87km2 de superficie récifale qui comporte une petite caye submergée à marée haute. Le lagon est délimité extérieurement par une couronne récifale qui tombe extérieurement sur des fonds de 3 000 m. Le lagon, à dominance sableuse avec des pâtés coralliens épars, est délimité extérieurement par une couronne récifale. Les échanges de masses d’eau se font par-dessus le récif à marée haute et par l’intermédiaire de déversoirs de platier peu profonds et étroits à marée basse. Le platier récifal est exondé à marée basse et a un faible recouvrement corallien vivant. Localisée au nord-est et de très petite superficie, la pente externe n’est que moyennement bio-construite (Quod et al, 2007)..

• Tromelin est un ancien banc récifal aujourd’hui émergé (Bouchon & Faure, 1979). Développée au sommet d’un haut fond d’origine volcanique (Malick, 1976), la partie émergée de l’île présente une forme ovale et est constituée de sables blancs issus de l’érosion du récif corallien. Tromelin forme une caye d’environ 1,6 km de long pour 700 mètres de large et 7 mètres de hauteur maximale dans le nord-ouest de l’île (Hoarau, 1993). Il correspond à une dalle corallienne qui ceinture les deux tiers de l’île et disparaît sous une accumulation de sable dans la partie nord-ouest. La dalle corallienne horizontale, de 20 à 30 mètres de large, émerge à marée basse (Bouchon & Faure, 1979). Le plateau récifal externe de Tromelin correspond à une dalle corallienne qui ceinture les deux tiers de l’île et disparaît sous une accumulation de sable dans la partie nord-ouest. La dalle corallienne horizontale, de 20 à 30 mètres de large, émerge à marée basse (Bouchon & Faure, 1979). La pente externe se raccroche au platier récifal par un décrochement de 1 à 2 mètres qui correspond à la zone de déferlement des vagues. Cette pente est entaillée par un système de rainures perpendiculaires au rivage, ce qui en fait un glacis à éperons-sillons, entrecoupé vers 5-6 mètres par une dépression parallèle au front. Le fond des rainures et des sillons est couvert de matériel détritique, tandis que les parois sont dépourvues de peuplement végétal et animal. La pente qui fait suite au glacis s’accentue jusqu’à 20 à 30° (Bouchon & Faure, 1979) pour plonger à près de 4.000 mètres de profondeur..

• Juan de Nova est située au milieu d’un vaste récif en forme de croissant qui émerge à marée basse. La structure de ce récif correspond à celle d’un banc corallien, caractérisé par un récif périphérique émergeant à marée basse et exposé à la houle sur sa partie sud et une terrasse lagonaire immergée et protégée sur sa partie nord. Le complexe récifal, le plus grand des îles Eparses, s’étend sur 193,3 km² et est composé de quatre entités géomorphologiques récifales distinctes : 1) le platier récifal qui ceinture l’île fortement et soumis à la sédimentation ; 2) la pente interne au nord du platier récifal, est une zone de croissance corallienne active (Quod et al, 2007) ; 3) la pente externe correspondant au zones récifales en phase de croissance.

La mangrove est principalement présente à Europa où elle couvre environ 700 ha (équivalent à la superficie de mangroves de Mayotte). Cette mangrove est remarquable par son état de préservation. Les caractéristiques environnementales très contraignantes du site – dynamique des marées, apports en eaux douces et nutriments très limités, forte salinité – associées à une grande diversité structurale et à l’absence de toute perturbation anthropique directe, font de cette mangrove un modèle d’étude unique pour cette partie du monde. La présence de deux mangroves monospécifiques de faible surface, découvertes très récemment, est également à noter sur Juan de Nova. Ces deux formations ont la particularité d’être isolées l’une de l’autre et sans ouverture directe actuelle sur le lagon (projet SMANG- Ecolab).

Les herbiers : il existe 7 espèces de phanérogames marines dans les Îles Eparses. Sur l’île d’Europa, un herbier plurispécifique peu dense s’étend sur les fonds sableux et sablo-vaseux de la mangrove et du lagon interne. Des herbiers sont également présents dans l’archipel des Glorieuses. Ce sont des herbiers monospécifiques profonds (10-15 m) à Thalassodendron ciliatum autour de la Grande Glorieuse tandis qu’ils sont plurispécifiques (Halodule uninervis, Thalassia hemprichii, Cymodocea sp.et Halophila ovalis) sur le platier interne de l’île du Lys. La présence d’herbiers monospécifiques à Thalassodendron ciliatum a également été recensée au Geyser. Leur superficie globale dans les eaux des Glorieuses est estimée à 1250 ha.

Photo : Serge Andrefouet (© IRD)

BIODIVERSITÉ

Les îles Eparses, quasiment vierges, ont un caractère unique. La biodiversité est variable selon les îles qui s’étendent suivant un important gradient latitudinal nord-sud  le long du canal du Mozambique :

TROMELIN

Contrairement aux autres îles Eparses, Tromelin est située à l’est de Madagascar. Les conditions environnementales y sont particulièrement difficiles : forte salinité, vent, passage régulier de cyclones, recouvrement possible de l’île par les vagues pendant les houles cycloniques, etc. Ces conditions environnementales particulièrement hostiles expliquent en grande partie la faible biodiversité terrestre observée à Tromelin au regard des autres îles Eparses (exceptée Bassas da India).

L’île héberge 2 espèces d’oiseaux marins nicheurs, le fou masqué (Sula dactylatra) et le fou à pieds rouges (Sula sula). Jadis, d’autres espèces nichaient à Tromelin (entre autres, plusieurs espèces de frégates) mais ont aujourd’hui disparu, semble-t-il à cause des perturbations anthropiques. Tromelin constitue néanmoins un important site de ponte pour les tortues vertes (Chelonia mydas). L’île représente ainsi un site de reproduction irremplaçable pour environ 1000 femelles par an.

Les missions d’exploration en milieu marin sont très peu nombreuses à Tromelin et les inventaires de la faune et de flore marines sont rares. Il en résulte que les connaissances sur la biodiversité marine de Tromelin sont lacunaires pour la majorité des groupes. Ainsi, à ce jour, seules 95 espèces de poissons ont été recensées dans les récifs coralliens de l’île.

ARCHIPEL DES GLORIEUSES

Les Glorieuses sont postées en sentinelle à l’entrée nord du canal du Mozambique et la communauté scientifique s’entend pour dire que l’archipel, le banc du Geyser et les monts sous-marins de la ZEE possèdent un caractère patrimonial exceptionnel.
L’archipel constitue lui aussi un site important de nidification pour les tortues vertes de l’océan Indien (entre 1500 et 2500 femelles par an), dont le nombre augmente depuis l’arrêt des activités de production dans les années 1970. Les Glorieuses accueillent également chaque année quelques tortues imbriquées en ponte.
Aujourd’hui, la Grande Glorieuse n’héberge plus de colonies d’oiseaux marins suite aux perturbations engendrées par la présence humaine. 9 espèces d’oiseaux terrestres y nichent encore. Soumise à des pressions anthropiques beaucoup plus faibles, l’île du Lys abrite encore une colonie de noddis bruns et une seconde de sternes fuligineuses.

Plusieurs missions scientifiques ont permis d’acquérir une bonne connaissance de la biodiversité marine présente dans la zone. Si l’inventaire n’est pas exhaustif, il recense approximativement 1400 espèces sur l’archipel des Glorieuses, tous groupes confondus. Le banc du Geyser totalise quant à lui environ 600 espèces. Ce déficit par rapport à l’archipel des Glorieuses pourrait essentiellement tenir d’un effort de prospection plus faible sur le banc et pourrait bientôt être comblé par les campagnes scientifiques qui se dérouleront dans le cadre du Xe FED régional.

D’un point de vue patrimonial, sur les 1435 espèces marines recensées par les scientifiques dans les récifs coralliens de l’archipel des Glorieuses, 170 espèces sont inscrites sur la Liste Rouge de l’UICN, soit environ 12 % de la biodiversité relevée sur le territoire. Parmi ces espèces, 9 ont un statut de conservation défavorable, c’est-à-dire vulnérables, en danger ou sérieusement en danger d’extinction. Six espèces présentes aux Glorieuses sont listées dans la convention de Nairobi (annexes II, III et/ou IV), 15 sont classées sur les annexes I ou II de la CITES, et 6 sont inscrites sur les annexes I et/ou II de la CMS (convention de Bonn).

De manière générale, l’archipel des Glorieuses est considéré comme un sanctuaire de biodiversité dont le caractère patrimonial exceptionnel est incontestable. Ce dernier permet notamment d’appuyer l’intégration de stations dans le réseau mondial de suivi pour des études sur la biodiversité et les effets du changement climatique. En outre, il joue un rôle essentiel à la fois de réservoir de biodiversité (notamment pour le réensemencement corallien) et de refuge pour assurer la préservation des espèces particulièrement impactées par les activités humaines dans la région (requins, concombre de mer, thons, autres espèces ciblées par la pêche, etc.). Il en est de même pour le banc du Geyser. Cette caractéristique est d’autant plus importante que l’archipel est inséré dans un contexte régional soumis à de très fortes pressions anthropiques.

JUAN DE NOVA

D’une surface de 193,3 km², le complexe récifal de Juan de Nova est le plus grand des îles Eparses. Néanmoins, les études portant sur la biodiversité marine sont peu nombreuses et les connaissances sont lacunaires.

L’île accueille 2 espèces d’oiseaux marins nicheurs, la sterne fuligineuse et la sterne huppée. La colonie de sterne fuligineuse de l’île est une des plus grandes de l’océan Indien et l’une des plus importantes au monde (450 000 couples). A noter que ces populations d’oiseaux sont impactées de façon notable par la présence de mammifères introduits (en particulier les chats) qui exerce une forte pression de prédation sur les poussins et les adultes reproducteurs.

850 espèces marines ont été recensées à Juan de Nova, tout embranchement confondu. Sa taille et sa position centrale dans le canal du Mozambique, où les courants tourbillonnaires sont riches, sont un atout certain pour sa biodiversité. 299 espèces de poissons osseux ont été recensées autour de l’île parmi lesquelles on peut noter la présence d’espèces remarquables comme le Napoléon (espèce menacée d’extinction) et le mérou sellé (espèce vulnérable). 12 espèces de requins ont été observées dans les eaux de Juan de Nova. D’un point de vue patrimonial, la présence de nombreux requins dans ses eaux lui confère un intérêt exceptionnel. Le requin nourrice fauve, le requin limon faucille et le requin léopard sont classés vulnérables sur la liste rouge de l’IUCN. Le requin marteau halicorne et le grand requin marteau, eux aussi présents sur la zone, sont quant à eux classés en danger d’extinction. En outre, 5 espèces de raies ont également été observées dont 3 sont classées sur la liste rouge de l’IUCN.

Si Juan de Nova est l’île la moins fréquentée par les tortues marines, elle constitue néanmoins un site de reproduction et de développement des immatures pour la tortue verte et la tortue imbriquée.

BASSAS DA INDIA

La richesse biologique de Bassas da India est résolument associée au milieu marin. Néanmoins, rares sont les études menées à Bassa da India en raison de l’absence d’infrastructures terrestres et des conditions d’accès difficiles. Il en résulte un déficit important dans les connaissances sur la biodiversité marine de l’atoll en comparaison avec les autres îles Eparses. Les rares inventaires disponibles ont permis de recenser 301 espèces de poissons osseux. En outre, 10 espèces de requin ont été observées dans les eaux de Bassas da India dont une espèce classée vulnérable par l’IUCN (requin océanique) et une seconde en danger d’extinction (requin marteau halicorne).

EUROPA

Europa est l’île la plus méridionale du district. Elle est la seule à posséder une lagune, caractéristique qui lui confère une certaine originalité et un intérêt patrimonial dépassant celui des autres îles Eparses.L’île constitue un site particulièrement important pour le maintien des populations de tortues vertes et imbriquées dans l’océan Indien. En effet, Europa est le site de ponte le plus important de l’océan Indien (et le troisième plus important au monde) pour la tortue verte (Chelonia mydas) avec jusqu’à 11 000 femelles en ponte estimées par an. La présence de phanérogames marines, source d’alimentation et les conditions géomorphologiques et hydrographiques de la mangrove en font également un habitat privilégié pour le développement des immatures de tortues vertes et imbriquées.

De toutes les îles Eparses, Europa est celle qui présente l’avifaune marine la plus diversifiée, avec 8 espèces contre 2 pour Glorieuses, Tromelin et Juan de Nova. De plus, elle héberge une sous-espèce endémique rare, le paille-en-queue à brins blancs d’Europa (Phaethon lepturus ssp. europae) et abrite, pour certaines espèces, les colonies les plus importantes de l’océan Indien, après celles de l’atoll d’Aldabra (frégates Ariel, fous à pieds rouges, sternes fuligineuses, etc.).

Europa est l’une des îles Eparses ayant fait l’objet du plus grand nombre d’études sur sa biodiversité marine. Si la quasi-totalité des groupes ont été étudiés, les inventaires ne peuvent néanmoins pas être considérés comme exhaustifs et de nombreux résultats sont encore en cours d’analyse. A ce jour, 978 espèces ont été recensées à Europa grâce aux campagnes scientifiques qui y ont été menées. Parmi les 380 espèces de poissons osseux répertoriés à Europa, il faut souligner la présence du napoléon (Cheilinus undulatus), espèce menacée d’extinction selon les critères de l’UICN. 13 espèces de requins ont été inventoriées dans les eaux d’Europa, dont 4 espèces classées « vulnérables » et 2 espèces « en danger d ‘extinction » par l’UICN.

D’un point de vue patrimonial, les herbiers marins de phanérogames et la mangrove constituent des habitats patrimoniaux indispensables au développement des tortues marines immatures. En outre, la mangrove joue un rôle de nurserie pour le requin à pointe noire et le requin limon-faucille.

Enfin, 7 espèces de mammifères marins ont été observées au sein de la ZEE d’Europa : 3 espèces de baleines et 4 espèces de dauphins. La présence du rorqual commun confère à Europa une valeur patrimoniale élevée.

Nombre d’espèces marines et niveaux de complétude

GESTION

LES AIRES MARINES PROTÉGÉES

Espaces naturels protégés

Glorieuses, Europa, Tromelin et Bassas da India sont classées en réserves naturelles depuis 1975 par arrêté préfectoral. Un arrêté de 1994 interdit quant à lui tout type de pêche dans les eaux territoriales de l’ensemble des îles Eparses. La pêche est également interdite dans les 10 milles nautiques autour du Banc du Geyser depuis 2010. 

Le Plan de gestion Ramsar de l’île d’Europa, associé à son classement en Zone Humide d’Importance Internationale le 27 octobre 2011 (42ème site français) est en cours de rédaction par les TAAF. Ce premier plan de gestion englobera les projets d’actions à mettre en œuvre pour la période 2015-2020 sur l’ensemble de la partie terrestre de l’île ainsi que la zone maritime des 12 miles nautiques. Ce plan de gestion servira également de base pour le projet de classement de l’île d’Europa en Réserve naturelle nationale.

 Le Parc naturel marin des Glorieuses, quatrième parc marin français et deuxième de l’océan Indien, a été créé par décret le 22 février 2012. Il s’étend jusqu’à la limite de la zone économique exclusive et couvre plus de 43 000 km². La rédaction du plan de gestion du parc est confiée à son Conseil de gestion et doit être finalisé début 2015 en s’appuyant sur les quatre orientations de gestion fixées dans le décret de création :

• Protéger le patrimoine naturel, particulièrement les tortues, les récifs coralliens et les mammifères marins, notamment par une surveillance maritime adaptée aux enjeux et la sensibilisation des acteurs et des usagers ;
• Faire des eaux de Glorieuses un espace d’excellence en matière de pêches durables (côtières et hauturières) ;
• Faire de cet espace un lieu privilégié d’observation de la biodiversité marine du canal du Mozambique pouvant intégrer des observatoires pour contribuer à l’amélioration des connaissances ;
• Encadrer les pratiques touristiques et accompagner le développement d’un écotourisme respectant le caractère préservé de cet espace.

> le site des Taaf
> Le site de l’agence des aires marines

LES RÉSEAUX DE SURVEILLANCE

Réseaux de suivi

Compte tenu de la situation des TAAF (isolement, difficultés d’accès), les stations installées dans les îles Eparses sont peu nombreuses et ont fait l’objet de peu de visites. Il n’en reste pas moins que les données récoltées constituent une source d’information capitale pour comprendre l’évolution de récifs coralliens préservés. Deux réseaux sont en place : le Réseau GCRMN (Global Coral Reef Monitoring et le Réseau Reef Check

Réseau GCRMN (Global Coral Reef Monitoring)

Le réseau de suivi GCRMN dans les îles Eparses s’est progressivement construit au cours des années 2000 et peut aujourd’hui être considéré comme finalisé et stable. Il est constitué d’un total de 27 stations installées au sein de plusieurs unités géomorphologiques et ayant fait l’objet d’une ou plusieurs visites. Deux stations GCRMN sont également existantes sur le Banc du Geyser et suivies depuis 2000.

Le réseau GCRMN compte aujourd’hui 27 stations : 7 à Europa, 6 à Glorieuses et 7 à Juan de Nova, 4 à Bassas da India et 2 à Tromelin.

Les données collectées sur le terrain portent sur la richesse spécifique, le pourcentage de recouvrement des différentes catégories benthiques, abondance et biomasse par espèces de poisson, etc …

 Réseau Reef Check

Cinq stations Reef Check sont aujourd’hui identifiées dans les Iles Eparses : 3 à Juan de Nova et 2 à Europa. Basé sur une méthode simple, standardisée et scientifiquement reconnue, ce programme de suivi est réalisé par des volontaires généralement accompagnés d’un scientifique. Compte-tenu de l’isolement prononcé des îles Eparses et de leur fréquentation très restreinte, il est particulièrement difficile d’assurer la pérennité d’un suivi régulier de ces stations. Néanmoins, les données récoltées  permettent de compléter les actions de suivi scientifique conduites dans le cadre du GCRMN

 

ÉTAT DE SANTÉ

La surveillance montre que les récifs coralliens des îles Eparses présentent un caractère exceptionnel tant du point de vue de leur biodiversité, de l’état de santé de leurs communautés coralliennes et ichtyologiques, que de leur résilience. La présence de grands prédateurs et l’absence de macro-algues filamenteuses sont des indicateurs de bonne santé de ces récifs coralliens. Malgré les biomasses élevées recensées, une pression de pêche croissante se fait sentir, notamment dans l’Archipel des Glorieuses.

Carte : Recouvrement moyen en benthos et diversité corail-poissons sur l’ensemble des stations échantillonnées par île (d’après Chabanet et al. 2015) – détails dans le rapport 2015 ci-dessous.

> Lien sur le document d’état de santé de 2015 : chapitre des Iles Eparses