INITIATIVE FRANÇAISE POUR LES RÉCIFS CORALLIENS

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COMITÉ DE LA MARTINIQUE

La Martinique est l’île la plus méridionale des Antilles françaises. C’est un département d’outre-mer (DOM) et une région d’outre-mer (ROM). En tant que département français, elle fait partie de l’Union Européenne au sein de laquelle elle constitue une région ultra-périphérique.
De forme approximativement elliptique (65 km sur 30 km environ), elle est située par 14°40’ N et 61° W. Les côtes s’étendent sur 350 km (point culminant 1397 m).
Les récifs construits s’étendent environ sur 70 km, pour une surface de moins de 200 km2 ; ils sont complètement absents de la côte nord-ouest de l’île, mais les peuplements coralliens sont bien développés en dessous d’une dizaine de mètres de profondeur. Herbiers et surtout mangroves y sont moins développés que sur la côte est.

CARTOGRAPHIE

habitats-martinique
Carte des habitats de Martinique - EDS 2020

ECOSYSTÈMES ET BIODIVERSITÉ

ÉCOSYSTÈMES

La Martinique offre trois écosystèmes majeurs : les herbiers de phanérogames marines, les mangroves et les récifs coralliens.

Trois grands types de formations coralliennes sont présents :
• Le récif frangeant qui est, de loin, le type d’architecture récifale le plus répandu dans la Caraïbe. Large de quelques mètres à quelques dizaines de mètres, il se poursuit en profondeur par une pente externe récifale plus ou moins abrupte. Ce type de formation est surtout développé sur les côtes sud et est de l’île.
• Le récif barrière : une barrière récifale, qui a une origine plus algale que corallienne, est installée sur la côte atlantique.
• Les fonds coralliens non bioconstructeurs sont surtout développés sur la côte caraïbe, à l’ouest de la Martinique, où les rivages sont très accores. Toutefois, la biodiversité de ces communautés est souvent plus riche que sur les formations récifales des côtes Atlantiques.

Distribution des récifs de la Martinique (source Etat des récifs de l’outre-mer français, Bouchon in Gabrié et al, 2000)

Les formations coralliennes
D’après Bouchon et Laborel (1986), les formations récifales les mieux développées sont situées sur la côte sud, dans la région de Sainte-Luce ; d’un point de vue géologique aussi bien que biologique, elles sont très différentes des autres secteurs de l’île. Une ligne pratiquement continue de hauts-fonds borde le rivage entre la Pointe du Diamant et Sainte-Luce, délimitant une plate-forme, large de quelques kilomètres, immergée sous une dizaine de mètres d’eau et entaillée par des vallées sous-marines devant l’embouchure des rivières (Battistini, 1980). Sur le rebord externe de cette plate-forme, la croissance corallienne a été suffisamment active au cours de ces derniers millénaires pour édifier des formations récifales affleurant la surface (“cayes”). L’ensemble de ces cayes représenterait la presque totalité des récifs actifs et serait assimilable à un embryon de récif-barrière, développé sur la partie externe d’une plate-forme plus ancienne. En arrière et à l’abri de ces cayes récifales, se sont développées de vastes herbiers de Phanérogames marines et, au niveau de la côte, des mangroves.

La côte ouest supporte des communautés coralliennes riches. Mais la morphologie particulièrement accore des fonds et l’abondance des cendres volcaniques originaires de la Montagne Pelée, pour la partie nord-ouest de la côte, ont empêché le développement d’édifices récifaux importants. Les formations coralliennes étaient probablement très abondantes dans la baie de Fort-de-France, mais ces peuplements coralliens ont subi, l’effet dévastateur d’une pollution intense.

Sur la côte atlantique, la partie nord-est de l’île (au nord de Sainte-Marie), est dépourvue de formations récifales. Au sud de la presqu’île de la Caravelle, la barrière récifale, d’origine algo-corallienne, borde la côte sur près de 25 km.

La pente externe récifale de la barrière, d’inclinaison modérée (20°) s’étend jusqu’à -20 m ou -30 m, profondeur à laquelle elle disparaît sous un talus sédimentaire. Cette pente externe supporte deux types de communautés benthiques :

– un peuplement corallien qui débute près de la surface par un horizon à Acropora palmata suivi par une zone peuplée de formes massives (Montastrea, Diploria);
– un peuplement algal à base de d’Algues brunes (Sargassum, Turbinaria) qui tend de plus en plus à remplacer le peuplement corallien.

La partie sommitale de la barrière est également occupée par des Sargasses et des Turbinaria. La pente interne est constituée par une zone corallienne plus ou moins inclinée ennoyée par le sable vers -15 m. Le recouvrement de la roche par les coraux est faible. Les fonds du lagon sont occupés par de grands herbiers de Phanérogames marines.

À l’abri de cette barrière, des formations récifales frangeantes se sont développées sur les côtes rocheuses, alors que les fonds des baies sont plutôt occupés par de la mangrove.

Herbiers de Phanérogames marines
Six espèces de Phanérogames marines ont été recensées en Martinique (Laborel-Deguen, 1984), mais les herbiers sont essentiellement constitués par deux espèces : Thalassia testudinum et Syringodium filiforme. Ils occupent une part prépondérante dans les écosystèmes marins de la Martinique. Ils sont particulièrement bien développés dans les baies. Sur la côte sud de l’île, entre les Anses d’Arlet et la Baie du Robert, ils s’étendent sur environ 3.900 ha (Chauvaud, 1997). Dans la Baie de Fort-de-France, ils couvrent environ 240 ha (Manière et al., 1993).
les herbiers de l’outre-mer

Mangroves
Les mangroves couvrent environ 1.850 ha en Martinique, dont 650 ha dans les baies et les anses de la côte atlantique et sud de l’île et le reste dans la Baie de Fort-de-France (1.200 ha) (Brossard et al., 1991). Au sein de la mangrove, on distingue une succession de ceintures de végétation : une ceinture maritime à Rhizophora, suivie par une ceinture arbustive à Rhizophora, Avicennia et Laguncularia, une ceinture forestière interne dominée par Rhizophora et une ceinture forestière externe, dominée par Avicennia et Laguncularia (Brossard et al., 1991).
les mangroves de l’outre-mer

BIODIVERSITÉ

L’isolement des espèces suite à la fermeture du canal de Panama et de Suez il y a plusieurs millions d’années a abouti à un fort endémisme et à une quasi impossibilité de recrutement en larves de coraux de l’océan indien ou du Pacifique. Cette particularité de la faune et de la flore des récifs coralliens de la Caraïbe rend d’autant plus fragile et précieux cet écosystème.

L’écosystème de la Martinique est riche de nombreuses espèces : algues (158 espèces), phanérogames (7 espèces), spongiaires (70 espèces), gorgones (35 espèces), coraux (54 espèces), mollusques (776 espèces), poissons ((388 espèces benthiques et pélagiques), reptiles (cinq espèces de tortues marines) et mammifères (passage de cachalots, de dauphins, de globicéphales,…).
> Pour plus d’info : site de l’INPN –Martinique
> Voir aussi l’expédition MADIBENTHOS du MNHN

Nombre d’espèces marines et niveaux de complétude

LES SERVICES ECOSYSTÉMIQUES

La valeur économique et sociale des récifs coralliens et écosystèmes associés (herbiers et mangroves) de la Martinique (RCEA) est évaluée annuellement à 245 M € (Failler et al, 2010). La valeur d’usage indirect, associée aux fonctions écologiques des RCEA, représente près de 94 M € (soit 38% de la valeur économique totale – VET) tandis que celle de non-usage représente moins de 10 M € (soit 4% de la VET). C’est la valeur associée à la protection des côtes qui est la plus importante (31% de la VET totale).

Globalement, le tourisme contribue à 36% de la création de la VET contre 27% pour les activités des résidents. Les services écologiques des RCEA (épuration, production de biomasse, protection des côtes et séquestration carbone), qui ne peuvent être attribués à aucun groupe en particulier, représentent 39% de la VET. Les herbiers participent le plus, avec une valeur des services estimée à 107 M € (soit 44% de la VET totale), celle des récifs coralliens suit de peu avec une prestation à presque 100 M € (41%), tandis que celle des mangroves se limite à 38 M € (16%).

La création de cantonnements et autres mesures de peut s’estimer à environ 2 M € par an, ce qui représente le coût de l’inaction politique en matière d’environnement marin.

GESTION

LES AIRES MARINES PROTÉGÉES

Il n’existe pas encore d’aires marines protégées en Martinique, mais plusieurs projets sont en cours :

Espaces naturels protégés

LES RÉSEAUX DE SURVEILLANCE

Le réseau de surveillance des récifs coralliens en Martinique compte 3 protocoles : le GCRMN expert (démarré en 2002 ; aujourd’hui 13 sites), Reef Check (irrégulier) et celui de la qualité des eaux dans le cadre de la Directive cadre sur l’eau (15 sites depuis 2007).

Réserve régionale marine du Prêcheur : le zonage et la réglementation de cette future AMP régionale ont été validés en 2012. L’IFRECOR a facilité la réalisation de l’inventaire faunistique exhaustif de la zone d’étude, un état des lieux qualitatif et quantitatif en termes d’usage et de pressions ainsi qu’une synthèse cartographique des enjeux.

Réserve régionale de la baie de Génipa : 
les limites parcellaires, la réglementation et les orientations de gestion de la future réserve ont été validés en 2012.

Extension de la réserve nationale des îlets de Ste Anne : le Parc Naturel Régional de la Martinique a décidé l’extension du périmètre de la réserve au milieu marin afin de protéger les herbiers et les ensembles de mangroves présents sur le secteur.

Dans le cadre du projet de création du parc naturel marin, l’agence des aires marines protégées a produit une analyse régionale de Martinique, commencée en mai 2009, s’est achevée par la présentation d’une série de propositions stratégiques en mai 2010 auprès du comité de concertation local. La mission d’étude du Parc a été mise en place en 2013

Réseaux de suivi

PRESSIONS

Plan d'occupation des sols
Pressions sur les bassins versants

ÉTAT DE SANTÉ

Des signes très nets indiquent une dégradation lente mais continue des trois grands types d’écosystèmes de la Martinique.

Le bilan de plus de dix années de suivi bi-annuel (saison sèche – saison humide) sur les 5 stations initiales du GCRMN révèle très peu de tendance saisonnière entre les deux campagnes annuelles. Aussi, les résultats orientent la réflexion vers l’augmentation du nombre de sites d’échantillonnage plutôt qu’une prise en compte de la saisonnalité.

PROGRAMME D'ACTION LOCAL

> Programme d’action 2016-2020

Pour voir ou revoir les précédents programme d’action :
> Programme d’action 2011-2015
> Programme d’action 2006-2010
> Programme d’action 2000-2005