Depuis une semaine les eaux côtières de Saint-Martin sont impactées par un épisode de blanchissement corallien sévère.
Suite à l’observation dans la semaine du 14 octobre 2024, de la présence d’une colonie corallienne en train de blanchir à Cayes vertes, ainsi qu’au signalement d’une colonie de corail de feu (Millepora sp.) observée sur un corps mort de bouée d’amarrage de la réserve, une prospection a été entreprise par la réserve en semaine du 21 octobre sur 10 sites coralliens au sein ou en périphérie directe de la Réserve Naturelle Nationale de Saint Martin.
Chacun de ces 10 sites (Rocher créole, Ilet requin, Petites cayes, Basse espagnole, North curve1 et 2, Cayes vertes, Ilet Pinel Sud et Nord, Rocher pélican) subissait un phénomène de blanchissement de 75 à 95% des colonies coralliennes présente : certaines totalement blanches, d’autres partiellement et une minorité en tout début de transition.
Parmi les espèces touchées : Millepora sp., Porites porites, P. astreoides, Siderastrea sp., Pseudodiploria strigosa, Colpophyllia natans, Orbicella annularis, Stephanocoenia mechelinii, Madracis sp., Acropora palmata, A. cervicornis…
Certaines espèces semblent moins touchées que d’autres : P. strigosa seulement partiellement (certaines colonies pas du tout et d’autre seulement une partie de la colonie) et Montastrea cavernosa et M. faveolata pas encore touchées.
Nous avons également constaté que les gorgones encroûtantes et certaines gorgones candélabres et plumes commencent à blanchir. Parmi les colonies de corail de feu (Millepora sp.) certaines sont déjà mortes et commence à être colonisées par les algues.
En parallèle, sur l’ensemble de ces sites, une température de l’eau de plus de 31°C a été relevée.
Généralement, des agrégations de requins nourrisses adultes sont observées chaque année au niveau du Lagon de Tintamarre (1 à 2 m de fond, pas de courant et eau plus chaude). La réserve ne les a pas vu cette année, mais a constaté un rassemblement d’adultes et de plus jeunes, sur le site de la Basse espagnole, dans le canyon, par 14 mètres de fond : 16 à 18 individus rassemblés et posés sur le fond. Comme s’ils avaient préféré le calme et la température de la zone contrairement à leurs habitudes.
La réserve alerte sur le fait que le phénomène en cours est d’une ampleur bien plus importante que 2023 et Julien Chalifour, de la réserve naturelle, précise qu’il n’a pas eu l’occasion d’en observer un si important à Saint Martin depuis sa prise de fonctions en octobre 2011.
La réserve va poursuivre le suivi du phénomène, en espérant que l’eau se rafraichisse rapidement, comme s’est généralement le cas en novembre-décembre.